Au carrefour du temps perdu On vous a recherchés longtemps, Nos mains glissaient sur l’enceinte Du noir royaume de l’oubli, Nous avons exploré des villes Où des mannequins suppliaient les horloges D’arrêter ces aiguilles qui détricotaient le temps, Dans les forêts pétrifiées, des oiseaux fossiles Poussaient des glapissements de pierre Vers l’écho des éboulis. Etait-ce l’ombre de leurs ailes géantes Qui nous poursuivait Ou le souvenir de votre présence ? Nous avons suivi les méandres Des fleuves aux eaux si sombres Que les étoiles venaient y boire leur lumière, Sur leur berge assoupie de neige, nous avons surpris Quelques traces discrètes Et dans les airs résonnaient De lancinants murmures. Nous savions qu’il nous faudrait descendre Dans des souterrains habités De vos vestiges si convoités. Vous nous aviez promis tant de merveilles, Un monde fabuleux où circulaient des anges! Alors, nous avons sondé les nécropoles Car la mémoire des morts comme les coquillages Garde au fond de leurs spirales Le souffle des premiers instants Mais les caveaux étaient verrouillés et Nous n’avions pas les clefs. Plus tard, nous avons découverts les ruines D’une cathédrale où saignait une croix, Un chœur d’enfants chantait des louanges, En nous approchant, nous nous sommes reconnus En eux, ils étaient notre jeunesse Encore vibrante de foi ! C ‘est vous que nous cherchions, Vous que nous fûmes, Déjà jadis.