Au plus profond des mers dans leurs phosphorescences Où se miraient les yeux des sirènes cruelles, Auprès des galions lourds dans l’or des étincelles Où rêvaient les algues dans leur évanescence, Etait-ce bien ton ombre aux doux frémissements, Qui passait lentement dans l’étreinte des vents ?
Dans les vertiges bleus où hurlent les fantômes Des sommets fabuleux à la pure clarté, Dans les yeux de l’aiglon au sein de son royaume Où passent les soleils des matins enchantés, Etait-ce bien ta voix au charme ensorcelant Qui freinait l’avalanche et domptait les ours blancs ?
Au creux des vieux volcans aux paupières de feu Où gronde certains soirs l'ire des anciens dieux, Dans les cryptes moirées aux roches basaltiques Où résonne l'écho de rites maléfiques, Etait-ce ton regard aux changeantes couleurs Qui pétrifiait le temps et ses grandes douleurs?
Au milieu de la foule aux pas d’un condamné Qui s’agite sans fin comme un vieux tourniquet, Dans ces cœurs fatigués de tant d’insignifiances Où règne la frayeur et ses désespérances, Etait-ce ton visage et ses mille lumières Qui irradiaient le ciel dans un coup de tonnerre ?
Etait-ce toi toujours, ma belle magicienne Qui offrait à ces jours ta splendeur saharienne, Est-ce bien toi, toujours, ma belle retrouvée? Du fond de ma mémoire, apporte-moi la paix!