Perdue dans le frimas des rêves qui fuient Elle cherche une issue aux amnésies Somnambule égarée dans le maelström des nuits Elle absorbe l'écume de l'oubli Le ciel qui bleuit, son front qui blêmit Rébus raidi d'un royaume décati Rouillé de décades décorées
Petite photographie qu'on déshabille Comme de la pornographie vendue aux sanglots Image volée d'une vie
Au bord des rives fissurées de son rêve solitaire Reposent des spectres de bruyère La poussière d'étoiles sur son front rançit Comme les ronces de la mélancolie L'amour qui blêmit, la mort qui bleuit Les traits d'un portrait de famille Sous une coupole de verre, un vernis polaire Des mémoires se mirent sans miroir
Petite photographie qui se démaquille Comme la buée de la mer collée aux hublots Image inerte d'une vie
Sur le marbre désert d'un cimetière Qu'on visite un soir de départ Quelques gouttes s'écoulent vainement Je ne vous connaissais pas, je passais par là Comme le facteur des heures en retard Une polaroid figée par l'oxyde Trace-t-il les voies des pensées? Un cliché lissé, surface asphyxiée Fixe-t-il le visage de l'éternité?
Petite photographie, petite peccadille Comme des sciures lassées au fond d'un cageot Image éteinte d'une vie.