Et cette eau trouble s'écoule Sans cesse au fond d'un cauchemar Où la mort te précède, Eau sournoise des baptêmes oubliés, Eaux des buissons d'épines cruelles, L'eau aux mains baignées de sang, L'eau des galaxies aux bouches sanguinolentes, Le sang bouillant des volcans maudits, Le sang bleu des amours empoisonnés, La blancheur létale de ton corps Dans l'océan aux cernes d'ingratitudes, Les noirceurs des linceuls blancs, Le deuil de tes yeux noirs, L'ombre de ton deuil qui froisse Les blancheurs des bois, Ces bois qui flambent dans les nuits rouges De tes passions Bientôt dispersées en escarbilles Comme des oeufs de charbon Couvés par les nuits crétoises, Suis-tu ce cortège de vierges lampadéphores Qui ondulent en échos Dans les arcanes où le temps perd La mémoire des heures passées Au souffle mortel Du dernier minotaure, Le vois-tu dans ton ombre errante Au sang vert des méduses, Le vois-tu au fond de ton regard Quand la peur te dévore.
Les murmures des buissons Annoncent la fin des siècles, Et ton pas s'évanouit Dans ce bois qui ondule Comme une chevelure d'ébène, Lentement,tu reprends haleine En quittant la forêt rauque Avec tes cheveux blanchis par l'effroi, Les ténèbres se troublent enfin Dans l'eau noire du miroir Et ton regard se tourne vers l'aurore.