Des serpes invisibles Secouent les arbres Sous le regard miroitant Des filles des astrologues La peau des chênes Regorge d'énigmes Ogam sacré, gravé Par des doigts telluriques Bientôt, un frémissement blanchâtre Annonce le rite Le cortège taciturne s'avance vacillant Forme naissante dans les mirages de l'Orient Suggérant un long serpent Qui psalmodie les secrets des bises celtiques. Chacun se recueille Au bord du tertre funéraire Et invoque les ombres tutélaires. Enfin tous se précipitent S'agenouillant, étreignent Les lourdes racines qui traversent les terres Hument les feuilles mortes Qui transportent les âmes des défunts Haussés par le chant indomptable De l'effroi Ils se figent soudain dans l'attente végétale Leurs pieds s’enracinent Et leurs lèvres fibreuses vomissent des branches. Alors, dans l'air La lumière transperce Les arches d'émeraude des forêts magiques Les ténèbres s'enfuient comme une meute affolée Par les flèches furieuses de l'aurore