Combien d'océans, combien de rivages Combien de patience à travers les âges Des essaims de feu ont fui le soleil Des torrents de pierres ont chuté du ciel Des eaux bouillantes tordaient les cratères La mer! La mer ! Et toute sa colère ! Seule à parcourir l'astre incandescent Seule à plonger dans les gouffres du temps Rage solitaire pendue aux lèvres Écume noire appelant les éclairs La foudre frappait dur comme la vouivre Le tumulte fou des marées amères Les titans dans leur forge abyssale Sculptaient têtus des êtres fabuleux La mer les cachait dans son ventre opale Ces horreurs rendaient ses rêves honteux Elle voulait d'un amour qui se partage Un voyageur qui serait son image Qui chanterait sa beauté infinie Aux accents doux emprunts de nostalgie Mais les jours passaient tels des millénaires Parfois résignée ou atrabilaire La mer éplorée attendait en vain Quand une nuit, elle entendit au loin A ce point qu'elle en perdit toute voix Vagir un enfant auprès d'une croix.