A ceux qui un instant arrachent la misère De ces crocs enfoncés dans les plaintives chairs Des pauvres naufragés d’un radeau de fortune Qui fut abandonné sans compassion aucune.
A ceux qui sur un banc recousent les nuages Au fil de leurs rêves venus du fond des âges, Qui tapissent le ciel de leurs enluminures Peints par les beaux rayons de leur âme si pure.
A ceux qui partent loin et pêchent les étoiles Dans ces mers où rajeunissent les arc-en-ciel Et puis vont les offrir aux mères matinales, Pour briller dans leurs yeux comme un nouveau soleil.
A ceux qui sans argent répandent des trésors Fabriqués par leurs mots et leurs subtils accords, Allant de ville en ville en chevauchant l’aurore Ils semencent la joie dans les tristes décors.
A ceux qui ont vaincu la mort par leur courage Et qui à tout jamais, à l’heure du fauchage, Nous tiendront par la main pour nos mener au lieu Où renaît la lumière et ses danseurs de feu.
J’envoie ce doux essaim tout ruisselant de miel, Un modeste hommage qui cache mal ma gêne De ne pouvoir comme eux en grandeur souveraine Rendre à ce point les Dieux, ludions superficiels.