Je t’ai surprise aux portes de la nuit, Tu clouais tes larmes aux réverbères En guirlandes sous un ciel de tonnerre Que déchiraient les lames de la pluie.
Quelle sacrifice avais-tu consenti Pour ce long voyage où partent les vies, Comme Iphigénie, qui t’a donc trahie Qui t’aura quitté en proie au déni ?
Aveugle est l’amour, il aime sans voir Cette cécité où rêve l’aimé Dans ce labyrinthe où erre l’espoir Quand tous les flambeaux ont été soufflés.
Cruel est l’amour quand il cueille la fleur, La fige dans un vase de silence, La soigne de l’eau rare d’un bonheur Qui se flétrit chaque jour en souffrance.
Tu t’arrêtais à chaque lampadaire Pour y déposer un collier obscur, Tressé dans les ténèbres asilaires Des âmes transies dans leurs déchirures.
Puis tu disparus le long d’un quai mort Laissant un vieux sac sentant le remord Quand je l’ai ouvert, j’ai vu mon image Dans les débris d’un miroir en naufrage
Je t’ai reconnu alors bel amour Que j’ai sacrifié comme Agamemnon Pour ces conquêtes et vaines moissons Qui m’ont aveuglé hélàs sans retour.