J' ai revu la rivière et toutes ses images Quand je cherchais jadis ton incertain visage Dans ces méandres bleus où se perdait ma voix Accrochée aux roseaux qui ployaient en émoi.
Et les années noyées dans les algues filantes Chuchotaient vainement, dérisoires orantes, Tandis qu'un vent frileux chiffonnait le miroir Où mon ombre passait toujours avec retard.
Je n'ai fait que rêver ta précieuse existence Car je n'ai jamais pu célébrer ta présence, Tu es fille de l'aube et moi, tailleur de nuit.
Tu tisses au matin les rayons de lumière, Je bistre tous les soirs l'horizon en colère, Je meurs à l'aurore et je nais quand tu fuis.