J ‘ai pris la route avec moi Pour aller jusque là-bas, Et voir si tu y étais Avant de regagner le passé, J ‘ai traversé les prairies Et ses colchiques vénéneux, Ses vaches vêtues en pie, Ses renards drapés de feu, J’ai gravi les collines jaunes Aux éventails ocellés de vent, Ses dentelles d’anémones, Ses couronnes de sarments, Au sommet des citadelles, J’ai volé les étincelles D’une étoile à bout de souffle Dans les serres d’un écoufle, Au fond des forêts affolées Par les rafales du noroit, J’ai bu les larmes de la fée Sur les feuilles d’un acacias Et puis ce terrifiant désert, Ses vagues rouges de l’enfer Où des hyènes léchaient les crânes D’amants captifs d’une sultane, Quand enfin, je suis arrivé, Je n’ai plus su qui tu étais Parmi ces étranges figures Qui s’évaporaient dans l’azur Comme ces nuages perdus Qui, au loin, n'existent plus....
