Ils regardent le lion au fond de sa cage étriquée, La crinière nouée à la servilité, Ils disent que les barreaux protègent leur personnalité, Ils en sont entourés.
Le fardeau du monde est trop lourd à porter Mais leur poids dans la balance a tout fait basculer, Ils proclament leurs plaisirs : innocence et pureté, Ils jouent à se leurrer.
Chaque instant d'oubli est un gage de paix, Chaque seconde subie s'écoule dans l'inanité, C'est leur félicité.
Ils célèbrent les prestiges de tous les moribonds Croyant cacher leurs vices par des indignations, Ils croient dans les vertus des télés communications, Obscène intégration.
Chaque nuit d'oubli écorche l'éternité, Chaque seconde subie s'accroche aux futilités, Voilà leur cécité!
L'eau ruisselle sur le dos des sourciers, Le tonnerre répond à l'artificier, Les parfums s'écoeurent d'être trop flairés, Les affaires fleurissent quand tout est fané.
Ils regardent le lion rugissant dans leurs rêves, Ses griffes indomptées lacèrent leurs habitudes, Mais ne peuvent disperser le souffle des platitudes Que sont leurs commentaires.
Ils approchent, agacés, de leur unique sanctuaire Où tomberont les masques qui cachaient leur misère, Ils y retrouveront leur cage solitaire, Enfin leur plénitude.