Les brumes de l'automne En vagues monotones Enlacent les platanes Aux coiffes de gitanes, Et l'ombre d'un clocher Se fond dans la fumée Comme le mât hanté D'un vaisseau hollandais, Le vent balaie furieux Sur les trottoirs pluvieux Les cheveux flamboyants Des érables flottants, Tandis qu'au loin s'éveillent Les sinistres corneilles Comme une sarabande De sombres révérendes. Sous les auvents frileux Aux murmures anxieux Quelques chaises sonores Se souviennent encore Des amants de la veille Et des lueurs vermeilles Qu'un soleil déclinant Offraient aux soupirants. Quelques chats de gouttière Miaulent en concert Alors qu'un vieux mendiant Grelotte en maudissant, Les bistrots sont fermés, Et j'erre halluciné Comme un spectre chagrin Qui claudique en chemin.