Vos
poèmes

Dans la ville blanche
Comme une avalanche
De ces pierres si vieilles
Qui fondent au soleil,

Un long cortège d'ombres
De vêtements trop sombres,
Les yeux hallucinés,
Marchent vers le passé.

Vers tous ces souvenirs
Que retiennent leurs chambres,
Des portraits en soupir,
Jaunis comme de l'ambre,

Au rythme lent du glas
Comme des miroirs las
Que le temps a vidé
De toutes leurs beautés,

Elles avancent, blêmes,
Chacune en sa douleur
Vers la triste demeure
Des biens nommés "Je t'aime".

Ils furent leurs amants,
Leurs fils ou leurs parents,
Des soeurs, des courtisanes,
Tous devenus des mânes,

Maintenant assemblés
Sous de hauts noirs cyprès,
Maintenant inchangés
En grain d'éternité.

Des stèles et des croix
Ornent le vaste pré
Où pleurent quelques voix
Dans un vent affligé,

Maintenant assemblés
Sous de hauts noirs cyprès,
Maintenant submergés
D'un cri d'éternité.