Au plus profond des mers dans leurs phosphorescences Où se miraient les yeux des sirènes cruelles, Auprès des vieux galions dans l’or des étincelles Où rêvaient les algues dans leur réminiscence Etait-ce bien ton ombre aux doux frémissements, Qui passait lentement sous l’étreinte des vents ?
Dans les vertiges bleus où hurlent les fantômes Des sommets fabuleux, ivres de liberté, Dans les yeux de l’aiglon au sein de son royaume Où passent les soleils des matins enchantés, Etait-ce bien ta voix au charme ensorcelant Qui freinait l’avalanche et domptait les ours blancs ?
Au milieu de la foule aux pas d’un condamné Qui s’agite sans fin comme un vieux tourniquet, Dans ces cœurs fatigués de tant d’insignifiances Où règne la frayeur et ses désespérances, Etait-ce ton visage et ses mille lumières Qui irradiait le ciel dans un coup de tonnerre ?
Etait-ce toi venue de l’au-delà du monde Déposer doucement ses semences fécondes Dans cette vie en proie à tant de désarrois, Toi, espérance nue qu’on invoque tout bas, Console nos amours, apaise nos douleurs, Donne-nous chaque jour un souffle de bonheur.