Nous sommes partis un matin Sans les soucis du lendemain, Nous voulions rejoindre l'aurore Avant son départ pour le Nord.
Nous avons pris un peu de pain Et plein de rêves dans la main Que nous projettions vers l'étoile Qui se tranformait en cigale. Nous avons croisé en chemin Un chien venu d'Andalousie, Il rasait les beaux yeux des filles. Un abbé cachait une épée Sous ces airs de Samaritain, Un hôtelier bien trop chrétien Chassait deux pauvres pélerins, Un moine censément toqué Poursuivait le lièvre en pâté Tandis que la vierge éplorée S'en allait vers la Voie Lactée.
Nous sommes partis un matin Sans les soucis des jours prochains, Nous voulions embrasser l'aurore Avant son départ poue le Nord.
Le parfum de la dame en noir Rôde le long des vieux remparts Comme le spectre d'Elseneur Qu'Hamlet écoute tout en pleur, Dans les murs de l'auberge rouge Un chat miaule de terreur Et l'on évoque dans les bouges La fin de la maison Usher, Sur les steppes de Mongolie Une ombre jaune horrifie, Au fond des mers, Nemo se terre Aux bras d'une hôtesse de l'air, Robinson fait son Vendredi Tout en soufflant des pissenlits, Sur la tour Eiffel en folie Fantômas ricane et grandit.
Nous sommes partis un matin Que poursuivaient les lendemains, Nous voulions arrêter l'aurore Avant son départ pour le Nord.
On y a croisé en chemin Des saints, des bourreaux, des vauriens, Les héros de notre jeunesse Qui ne voulaient pas s'éclipser Et s'accrochaient avec rudesse En nous empêchant d'avancer, Nous voulions rejoindre l'aurore Mais elle avait quitté le port, Nous sommes restés dans le noir Mes amis et mes cauchemars.