Mais je ne voudrais pas te lier au mât Que j’ai planté dans ton cœur en émoi, Non, je ne voudrais pas t’embarquer sur ce fleuve Où les frimas étreignent les navires en perdition De ces amours égarés qui regardent hagards Au travers les hublots de leur désespoir Les étincelles mourantes sur l’écume des rêves D’un soleil moribond qui n’espère plus renaître. Non je ne voudrais pas te lier aux chevaux Dont le galop emporte les rafales des passions Qui viendront s’écraser sur les rochers sacrifiés. Je ne t’arracherai pas à l’éclat de l’aube Quand tintent les perles des nouvelles alliances Et de tous ces voeux où passe l’espérance Tel le gracieux héron planant sur les rivières. Je ne voudrais pas t’emprisonner Dans la cage satinée de mon miroir Comme un image moulée au creuset de mon désir. Car il est temps que tu viennes me libérer De moi-même, Il est temps que tu viennes m’offrir un chemin Pour quitter ce château enlisé dans les sables Où les torches s’éteignent Au souffle des vents solitaires Qui coiffent mes cheveux de cendre.