Avec sur sa tunique un zeste de sciure, Du sable son oubli, du soleil sa brûlure Et l’ombre allongée d’un Dieu sans illusion Aux tremblements d’amour dès son invocation,
Son regard attardé parfois aux heures mauves Contemplait à regret le fabuleux tableau, La peau bleue des chardons ornant les dunes fauves, Les perles de rosée dans le bec d’un corbeau,
Les fleurs d’aubépine qu’offrait l’aube pervenche Eparpillées au vent en mille étoiles blanches, Les trilles des moineaux qui rythmaient le silence, L’acacia flamboyant privé d’une présence,
Rien, hélas, ne pouvait adoucir son destin, Les implacables ergs en étaient le chemin, Sa parole assourdie quand ricane la hyène Se mourait en échos d’une sinistre thrène,
Quand un doigt se piqua aux figues épineuses, Il se vit sur la croix, la couronne haineuse, Des badauds hirlares l’acclamaient en messie, Lui qui les aima tant dans sa tendre folie,
Mais au désert, là-bas, quand grondent les ténèbres, Retentit un long cri dans les sables funèbres, Des nuages furieux s en viennent sans répit Et recouvrent le ciel d’une éternelle nuit.