L’innommable t’appelle au fond de ton cœur las Qu’une brume ensorcelle au son d’un âpre glas Car ce jour est venu où tu doutes de toi Tel un acteur fourbu que l’échec accabla.
Trop longtemps, tu te crus le sujet d’une histoire, Histrion parvenu à la frêle mémoire, Trop longtemps, tu voulus édifier ton royaume Dans ce moi supposé que hantait un fantôme,
Toi, ce serpent rusé, convaincu sans remords D’assassiner ce Dieu et sa couronne d’or, Ce sauveur sans visage à l’amour improbable Qui te légua, perclus, une croix effroyable,
Tu ne pus consentir à ce pardon filial, Tu préféras choisir un chemin sans étoile Et d’idole en idole en chute interminable, Tu découvris ce rien dans un miroir de sable.
L’innommable t’appelle au fond de ton passé Pour te remémorer que tu as hérité D’un monde à protéger, de cet autre à aimer Qu'il te faut renoncer de vouloir posséder.