Dans la moiteur des jungles jonchées de charognes Gonflées par la chaleur, bruissant de larves noires Où rampent tout visqueux des serpents adipeux, Où poussent des aragnes dans d’infectes toiles Qui piègent les vulcains, ivres de liberté, La mangrove perfide exhale ses relents, D’effroyables poisons adulés des Borgia, Des formes inachevées, membranes gluantes, Muqueuses fétides, lépreuses turgescences, Pendouillent des lianes comme des suppliciés, Des clignements baveux sortent des marécages, Des doigts squelettiques s’accrochent aux lichens Où pullulent des vermisseaux apoplectiques.
Il erre dans l’horreur, tourmenté par la peur, Il erre vagabond, affamé de soleil Mais la nuit végétale enveloppe son cœur Et ses chuchotements éveille la luxure, Le voilà la proie des vices démoniaques Qui ont transformé son corps auréolé En une ombre épaisse d’où suinte la colère Qui ruisselle, fumante au long de ses détours, Prince déchu comme un bloc d’abîme insatiable, Il voulut être Dieu, il n’était plus personne, Il convoitait la terre, il en fit un enfer, Son nom est Lucifer, son engeance, légion.