« Viens dans ma colère »disait-il. « Que la terre ouvre sa gueule béante Et engouffre Jézabel la maudite et ses chiens". Le prophète se tenait droit A l'entrée de la caverne et attendait. Mais seule l'ombre de sa solitude S'étendait à perte haleine. « Viens dans mon courroux » disait-il. « Que le feu du ciel dévore les plaines Et calcine la reine et ses larves lascives". Le prophète scrutait fermement l'horizon Au sommet du Horeb aux rochers fracassés Mais seule l’ombre d’un buisson Se desséchait en grinçant. « Viens dans ma haine »disait-il « Que les écluses du ciel répandent leurs flots Et inondent cette terre empestée de charognes ». Le prophète dardait cruellement les nuées Au bord de l’abîme où montaient des fumées. Mais seule l’ombre de ses larmes Ruisselait dans l’ornière. C’est alors qu’un souffle caressa ses paupières Dans un bruissement doux comme une aile. Et c’est là qu’il vit Dieu dans son baiser d’amour Et c’est là qu’Elie se changea en lumière.