Pourrai-je te revoir avant que ne s’ébranle Les funèbres grelots du chevalier des ombres Qui s’en vient à la nuit quand grincent les chambranles Recueillir les soupirs des fils de la pénombre.
Dans le miroir sans tain de ma mémoire en fugue, Ton visage revient recouvrir mon image Et rappeler combien ton reflet me subjugue Moi, l’aveugle banni sur le dernier rivage.
N’avais-je pas compris que lutter contre l’ange Sur ce chemin houleux où nous errons sans fin Me plongerait maudit dans une obscure fange, Manquer à la lumière est notre seul destin.
Atteint de cécité, comment te retrouver Sinon au fond de moi à force de penser Pour enfin te sculpter de mes fébriles mains Et pouvoir te parler jusqu’au dernier matin.
Pourrai-je te revoir ici comme autrefois Puis longtemps écouter ta fascinante voix, Tout ce que j’ai aimé n’était que fausse idole De toi que j’ai perdue dans une farandole.