Tous ceux qui partent sont les meilleurs, Pour ceux qui restent c'est bien le pire, Qu'ont-ils donc fait ces tristes sires Alors qu'ils cherchent à être ailleurs, Car, punis à demeurer ici, Ils s'en vont geindre sur le parvis. Mais ceux-là qui s'en sont allés Etaient-ils vraiment si parfaits Quand ils poussaient de longs soupirs Ou se déguisaient en vampires, Quand ils étalaient leur ennui Les matins qui tombaient en pluie Ou simulaient au quotidien Un bonheur qui tournait en vain. Et s'ils partaient pour devenir Ce qu'il n'ont pas su accomplir Cette alchimie de chaque jour Transformer le mal en amour, Les résidents le savent bien L'enfer ici est souverain, Tout se dissout dans l'oeuvre au noir, Dans l'athanor du désespoir. Tous ceux qui restent sont les meilleurs, Chaque nuit, ils croisent leur peur Et lui arrache son masque vert Pour y voir leur visage hagard, Ils doivent affronter leur colère D'être les héritiers du hasard, D'être sans raison et sans foi Jetés dans une arène sans loi Pour attendre les lions rugir Et hanter leurs jours à venir. Qu'ils partent ou restent peu importe, Ce sont les meilleurs qui s'en sortent Même s'il faut bien en convenir, Leur corruption engendre le pire.