Avec un grand filet aux cordes de lumière, J’ai chassé ce matin dans le parc aux fougères Tous mes vieux souvenirs Qui s’étaient envolés. Ceux de mon enfance bercée par les étoiles, Enfouis sous une stèle aux cents noms oubliés, Tous ces preux compagnons Des odyssées sauvages Autour d’un soleil Qui jamais ne vieillissait Et ces premiers émois gravés sur les pavés Où glissaient mes pas quand la pluie me battait. Ceux de ma jeunesse foudroyée par les orages Que des serpents tétaient dans les nuits écarlates Alors que je cherchais Parmi tant de visages Une trace divine Qui m’aurait enchanté. Ceux des années où je fus cet homme Interrogeant des sphinx sur son identité Que seul un faible écho revenait questionner Quand il fuyait sa peur dans le miroir des autres. Puis ceux des derniers jours Tremblants comme des chandelles Qui se cachent du vent quand il vient les souffler Pour les disperser dans ce parc aux fougères Où tant de vieux chasseurs tout exténués Courent affolés derrière leur filet.