La fenêtre ne montre plus Les éblouissements de l’ange ocellé Mais les figures crispées De somnambules égarés Sur les corniches du passé, Ils ont gardé à la main Quelques vieux prospectus Où s’annonce la fin du monde Enluminée de lettres gothiques. Ils hurlent mais leur bouche reste muette Et le vent transporte leurs cris Vers les songeuses mouettes.
Les doigts crochus des branches Heurtent violemment les vitres Comme s’ils voulaient m’étrangler, La forêt est en marche Sous les éclats lunaires, Ces trois harpies livides L’avaient prédit Dans un ricanement de hyènes Dépeçant leur proie.
J’entends les pas mourants De quelques sentinelles Dans les échos tournoyants Des longs couloirs déserts, Des spectres malveillants Soufflent les derniers flambeaux.
C’est la nuit, Une voix venue des ténèbres Eveille ma mémoire, Des aigles crachent du feu Sur des requins furieux, Les lèvres d’un tigre blanc Ecument de couloeuvres Et sur mon trône noir Une faucille se balance.
C’est la nuit, Ma dernière nuit Car la forêt est en marche, Une voix venue des ténèbres Epelle mon nom A présent honni, à jamais maudit, Où es-tu ma reine sanglante, Où es-tu ma cruelle Hécate Où es-tu Lady Mac Beth ?