Regarde-le foncer comme un auroch en colère , Foncer vers la nuit prochaine qui l’avalera Avec sa bouche de suie et de braises scintillantes, Regarde-le foncer, ce jour, que tu as perdu Le long de ces vénelles de souvenirs Où tu cherchais ton portrait Dans de pâles photographies Que jamais tu n’as retrouvé. Oui, ce jour s’en va, il prend la clé des champs Et te laisse là avec tes calendriers, tes horaires, Ces fleurs qui se fanent dans le désert du vase, Ces fenêtres qui ne renvoient que le reflet D’un visage inconnu que brise la lumière, Ces lettres chiffonnées où s’écrivait ta solitude Quand tu voulais de l’autre ce que tu ne pouvais donner, Cet anneau d'espoir jeté dans un aquarium Où rêve l’algue verte, Oui, ce jour s’en va, alors ouvre la porte Et poursuis avec la hâte du condamné Ce fuseau empourpré où s’enroulent Les derniers filaments du soleil.