Quand elles défilaient ces caravanes, Ces longs convois de fourmis à l’horizon, Qui ne songeait à les rejoindre Pour s’exiler dans les sables où tournoient les siècles Et les cadavres des illusions perdues? Sur nos montures altières avançant Au rythme des dunes, Drapés dans ces étoffes chatoyantes Poudroyantes de lumière, Touareg errant sans Dieu ou Imuah homme libre, Nous serions ces seigneurs du désert, Nos talismans nous protégeraient Des sortilèges des Djinns Nés dans les puits asséchés de la rage Ou des étreintes de la lune et du soleil Quand les ténèbres bleues S’abattent férocement sur ces vagues minérales, Quand le silence s’insinue sournoisement Entre des tambours résonnants Comme un cœur épouvanté. L’harmattan brûlerait les paupières Des nuages assoiffés, La khamsin soulèverait des légions De masques tourbillonnants Dans des hurlements de poussière. Des nuées de scarabées assombriraient les étoiles Durant ces nuits glaciales Où veillent les rugueux palmiers. Comme d’impassibles pharaons, Des cobras nous défieraient Le long des regs désolés Et ainsi, nous progresserions Sur les pistes de l’illimité Avec la seule certitude Qui tourne comme une noria Au fond de nos pensées: Le désert avancera avec nous.