La mort te va si bien
Il est notable que les notaires
Dans leurs habits de stercoraire,
L'oeil dilaté, l'autre larmoyant,
Serviables, soulagent les défunts
De leurs trésors inopportuns,
Les héritiers si bien nippés,
S'ils sont élégamment niqués,
Sous le coude même étant manchots,
Garderont un joli magot,
Longtemps, ils pourront bouqueter,
Reniflant le pauvre maccabée,
Les banquiers de bonne facture,
Suceurs patentés des rognures,
Y grappilleront vaguement gênés,
A prélever au trépassé,
Entre perruque et vieux dentier
Des étrons de menues monnaies,
Rassérénés, les assureurs
Prudents comme des rats hâbleurs
Rongeront les os goulûment
Du squelette encore frémissant
Qui peut toujours grincer des dents,
Les détrousseurs en corbillards,
Les bouffeurs* dans leur frac sans fard,
Les ébénistes ébaubis
Et les fleuristes sans souci,
La veuve aux résilles joyeuses,
Le frère aux mains baladeuses
Et les enfants exaspérés
De ne pas passer à la télé,
Tous te saluent très cher Gaston
D'avoir été un bon hameçon,
Vivant, tu fus parfois inutile
Mais ta fin elle fut fertile,
Il faut le dire, c'est certain,
A toi, la mort te va trop bien!
*Anciennement,les croque-morts.