Au temps où, de mes rides affleurent des rêves Comme les limandes dans la nuit des aquariums Des questions inévitables assaillent Mes synapses chevrotantes Combien l 'homme ment-il Est-il toujours le même Le mensonge le change-t-il Pour qu'il soit enfin ce qu'il espérait ?
Muni d'un tel attirail scolastique J'ai rencontré des théologiens brachycéphales Ils se sont d'abord indignés De la trivialité de mes interrogations Depuis des siècles ils débattaient En souffrance de la Question Qui a d'abord menti Dieu ou l' homme ? Devant mon air consterné Ils ont ri à gorge déployée Et se sont enfuis une barbie rhénane sous les bras
J 'ai rencontré les Alla Khaniens Qui cherchaient leur Dieu dans des lettres volées Ils haussèrent les épaules Et m'expliquèrent avec mansuétude Que l'homme est toujours Le menteur d'un autre Devant mon air ahuri Eux ont ri les sphincters dilatés En me promettant la catration au non du père
J'ai longtemps suivi ces bonimenteurs, ces saltimbanques Qui courent nus dans l'arène politique Et applaudissent le public de les supporter Ou d'autres qui siègent empesés Dans les temples où seul l'or dure Ils n'ont pas compris mes angoisses Selon eux, un menteur qui ne dit pas La vérité est un hérétique De la variété des Parménide Morts depuis des lustres Devant mon air d'en avoir deux Ils ont secoué leur cage En piaillant, offusqués Comme des macaques de Barbarie
En dernier recours il me restait les taxidermistes Qui collectent les viscères dans des enveloppes postales Et les jettent à la figure des touristes, les jours de grève Ils ont d'abord proposé De m'éviscérer Et de remplir mes parois De sel de Guermande Mais devant mon air De paludier désoeuvré Ils m'ont demandé Combien de fois avais-je menti ? Mais j'ai perdu la mémoire Et quand devant le miroir Je me pose la même question Je sais qu'un autre va répondre.