Au gibet, au gibet Ces amours délétères Qui ont piégé mes rêves Dans leurs canopes fêlées, Qu’on les hisse ces momies Qui errent dans mes nuits Pour dévorer mon cœur Comme l’infâme Ammit. Quand la bise soufflera Vous danserez le tcha tcha, La valse à cent ans, la mazurka sans bas Et claqueraient des dents Dans les hautes futaies. Pendez-les, pendez-les Ces cous gracieux de reine Et leurs ailes de vautour Qui tournent aux alentours De mes passions en peine. Je les ai tant aimés Ces rubis enflammés Au fond de vos regards, Ces pulpeuses anémones Aux chuchotis d’extase, Ces rondeurs rutilantes Aux doux lait de grenade, Vos vagues si lascives Où se noient les plaisirs Et ce tendre coquillage D’où jaillit Aphrodite Mais l’amour et la mer Sont parfois si amers. Chassez-les, chassez-les Ces sorcières fatales Qui m’ont consumé Dans ma quête infernale. Moi, Don Juan, c’est moi, Enchaîné pour l’éternité A une statue de pierre Devant ce miroir brûlant Où je vois défiler Ces beautés sublimées, Mes furieuses sauvageonnes Qui viennent attiser Mon désir accablé, Mon désir impuissant, Insatiable tourment.