Malgré les trombes, les furies Qui hurlaient, hargneuses harpies, Emportant la peur et ses cendres, Les paupières des salamandres, Elle résistait et s'accrochait Sa vie tenait à un fil Mais elle rêvait de la rosée, Ses gouttes d'argent si subtiles Dansaient dans sa toile au matin Vibrant aux sonates du vent. Elle entendait crier l'enfant Qui s'était accroché mutin Et quand la nuit versait son encre Elle cherchait à toucher la lune Son vaisseau de soie jetait l'ancre Près des cratères et des dunes Mais à quoi bon ces souvenirs! L'araignée n'a pu s'y tenir Et a coulé dans un ruisseau Où remuaient quelques barbeaux Sous les lourds sabots du tonnerre Qui étincellent sur les terres.
Combien ce sort si remarquable Devrait donc te rendre envieux Toi qui te plains toujours pluvieux Dans ce vain confort pitoyable Que tu tissas comme une toile Pour y capturer les étoiles Que ta grande soif d'aventure Que tu ne cesses d'invoquer Puisse enfin se désaltérer Dans ce bain de larmes impures Où tes désirs se sont noyés.