A celle que j’aime, bien au delà des grilles De ce château ancien que je lui ai bâti : Ces douves sinueuses, ce grand pont-levis, Ces tours frémissantes où séjournent les pies.
Ces tapisseries d’or brodées, aux teintes claires, Qu’éclipsaient tes yeux noirs et leur éclat ardent, Ces escaliers de pierre où tes pas nonchalants Résonnaient longuement de ton absence amère.
Toutes ces armures surveillant les couloirs Pour qu’aucun fantôme ne trouble tes regards, Se mettent à grincer de douleurs et d’ennui Tant le temps qui passe les plonge dans l’oubli.
Quant à ce beau miroir, gardien de ton image, Sa mémoire perdue ne réfléchit plus rien, Et les quelques braises de ce feu olympien S’envolent doucement vers d'antiques rivages.
A qui puis-je confier cet immense malheur D’avoir perdu la clef qui m’offrait le bonheur, A jamais prisonnier de cette forteresse Où mon amour muet se consume en détresse.