D’où provient ce long cri qui traverse les nuits De l’autel effrayant au pays de Moriah, Quand le cruel amour d’un Dieu inassouvi Voulait la mort d’Isaac, cet enfant de la foi,
Mais qui donc le souhaitait, l’horrible sacrifice Sinon un père envieux de sa jeunesse enfouie, Un dictateur haineux, serf de sa jalousie, Faux Dieu sans avenir, héritier des abysses,
Que d’abominations furent ainsi commises Dans ce fleuve furieux où les siècles s’épuisent A rechercher en vain la pépite immortelle, Gage d’éternité pour nous simples mortels,
Seul, hélas, le sablier répond à nos hantises, Chaque grain écoulé nous conduit au désert, Où brûlent les mirages de nos convoitises, Cet enfer infini de nos désirs pervers,
D’où provient ce long cri qui transperce les nuits, Immémorial écho de crimes impunis, Entends-tu une voix clamer dans la pénombre: « Pour chaque innocent mort, Dieu redevient une ombre. »