La meute des vagues hurle dans la nuit froide, La bouche noire des vents glacials se déchire Dans le fracas puissant de cent ramures roides, Des étoiles gelées dans un étang se mirent.
Le reflet du château s’étend comme une griffe Sur la plaine livide où se dressent des ifs, Sentinelles transies de ces pierres tombales Que visitent le soir quelques sombres moniales.
Au-delà des douves et leurs eaux ténébreuses, Des herses grinçantes qu’éclaire la gibbeuse De son éclat blafard aux inquiétants frimas, Des lugubres créneaux où planent les choucas,
Où des vigies figées font leur signe de croix, Au-delà des couloirs aux sinistres flambeaux Où viennent sangloter de fantomales voix Et vont errer sans fin autour des lourds caveaux,
Blotti dans le logis, au milieu du donjon, Près d’un foyer ardent aux fumées grimaçantes, S’agitent les profils et leurs ombres géantes Du Capétien maudit, de son triste bouffon,
Des autres convives à la mine songeuse, Ils sont tous réunis pour conjurer le sort Qui s’acharne depuis cette intrigue ombrageuse Où Jacques de Molay fut condamné à mort.
Il agonit le roi de ses imprécations, Lança sur le bûcher une malédiction Qui frappera au cœur toutes ces éminences Et rendra impuissants ces rêveurs de puissance.
La prédiction du templier s’est accomplie, Ce roi est le dernier de l’illustre famille, Voilà pourquoi, autour de lui, sont assemblés, Les devins, les chiromanciens et les sorciers.