Que cherchent-ils sur les chemins Ces somnambules sans boussole ? La lune brille dans leurs mains Comme une impénétrable idole.
Certains se ruent vers leur passé, Vers la montagne hallucinée Où retentit le cri blessé De leurs amours abandonnées.
D’autres, dans les sables mouvants D’un présent qui fuit tout le temps, Voudraient tant retenir les heures Qui précipitent leur malheur.
D’aucuns roulent dans les torrents D’un avenir trop inquiétant, Ils rejoindront la haute mer Dans les ténèbres de l’hiver.
Il en est, au sommet des dunes, Qui attendent l’aile nocturne Pour s’envoler vers le lointain Et découvrir d’autres destins.
Parfois, ils font des farandoles, Alors, ils s’échangent leur rôle Pour oublier ce qu’ils étaient Et espérer un autre été.
Ils ont beau changer de visage Ou se voir dans une autre image, Leur vie ne sera qu’une page Effacée comme ces mirages.
Tels des poètes obstinés, Ces somnambules médusés, Nous rédigeons à chaque aurore Un testament en lettres d’or Que le vent jette, éparpillé Comme des feuilles dans un pré.