Que fuis-tu cavalier avec ton frêle enfant Dans l’effroi de la nuit que fustige le vent? Le fils est si fragile et le père effrayé, Une ombre menaçante envahit la forêt,
Les arbres courroucés s’agitent, rugissant Tels des spectres furieux aux griffes redoutables, Dans le ciel tourmenté, des corbeaux ricanants Picorent acharnés une lune effroyable,
« - Que la peur, mon bel ange, n’assombrissent tes traits Car je serai toujours, sois sûr, à tes cotés » « - Père n’entends-tu pas cette voix fulminante, Ce fantôme haineux aux blanches mains rampantes ».
« - C’est la brume qui danse au milieu des prairies, C’est la bise qui chante une ode pour ses filles ». « - Père es-tu aveugle, tu ne sais regarder, C’est le Roi des Aulnes qui cherche à m’emporter ».
« - N’aie crainte mon garçon, ce ne sont que des saules, Ils gémissent de froid et courbent leurs épaules, « - Père, tu ne vois pas, Dieu, comme il te ressemble, Il s’approche de moi, toute mon âme tremble ».
L’homme désemparé épuise son coursier Qui hennit de douleur au long des noirs sentiers Et des cris d’agonie retentissent sans fin Dans les ténèbres chues sur ce cruel destin.
Car le père apeuré a étouffé l’enfant Qu’il voulait protéger de ses propres hantises, Repousser ses années de ce coeur innocent Où le temps implacable affermit son emprise.