Ecoutez donc les cris de l’océan sauvage Dans les conques fêlées qui jonchent les rivages Quand sa bouche d’abîme expulsait les typhons Et des poulpes géants occultant l’horizon, Ne reste que le souffle d’un requin malade Au fond d’un coquillage en sursis sur la plage Où viennent picorer des goélands frileux Sur le ventre poisseux de crabes aveuglés, Tandis que le sang bleu de la mer en souffrance Se répand lentement sur un sable assombri, Près d’un rocher furieux aux craquements d’épaves Où déferlent sans fin en plaintes abyssales Les cris immémoriaux des nombreux naufragés, Un moine sans mémoire Longtemps prie en silence , La nuit est son écho Dans ce chaos sans Dieu.