Entends-tu passer le temps Ce têtu voleur de saisons Avec ses grinçants violons Et leurs arpèges de vent, Il se cache dans les horloges Où battent les coeurs des amants, Où des souvenirs se logent Dans un long chuchotement,
Entends-tu siffler le temps Sur les rails où naissent les rêves Quand l’orage jette ses glaives Sur la robe du faisan, C’est dans la voix des enfants Qu’il chante, joyeux, ses comptines Tandis que le pinson serine Pendant ces jours incessants,
Entends tu mûrir le temps Dans les cheveux blonds des prairies Quand l’heure des moissons scintille Dans les ocelles du paon, C’est dans les pas du voyageur Qu’il rythme plaisir et douleur Et dans les échos lointains Où se perdent les chemins. .
Entends-tu mourir le temps Au vol d’une effraie sauvage Quand Minerve, père des sages Voit défiler dans un torrent Tous les reflets de ses âges Enfouis au fond de sa mémoire Et chacun dans son histoire N’aura connu que son image,
Entends-tu renaître le temps Au milieu des vagissements.