Au fond d'une caverne reluit La flamme d'un amour qui s'assoupit, Tremblante une main éparpille Les cendres bleues de la mélancolie. Faut-il donc que tout disparaisse Dans les pâles ombres de la détresse? L'aube n'est que le rêve de la nuit, La voile d'un vaisseau qui s'engloutit Dans les eaux aveugles de l'amnésie Où les souvenirs se traînent sans vie.
Je voulais cueillir les feuilles du temps Et les cacher loin des furies du vent, Je voulais dissiper les vagues de brume Qui de tes yeux reflétait l'amertume, La voix des anges est trop monotone, L'éclat des fleurs est devenu si morne, Les fantômes livides du passé Se sont lavés dans les eaux du Léthé, Au bout de cette plage abandonnée Qu'enflammait une lune épouvantée.
J'écris sur le sable ce testament Avant de me plonger dans l'océan, J'écris sur le sable à tous les amants Que, tristes, ils n'oublient jamais ce chant :
« Dansez autour d'un tourbillon de feu Vers les Pléïades où vivent les Dieux Et les âmes dans un champ lumineux, Hantez les univers en formation Les spectres lunaires dans les grands fonds Où sombrent les roses de la passion, Jetez toutes les semences d'amour Le long des chemins, le long des détours Car elles seront moissonnées un jour... ».