Le vase est orange, rouge peut-être, Des milliers de points noirs disposés sur les anses Lui font office d’yeux comme les ocelles d’un paon, Ils n’ont pas de cils mais ils vivent, ils respirent Et me fixent, cruels quand je les observe dans un miroir, Parfois, le vase est noir ou peut-être orange Son corps immobile, un peu incurvé Comme un vallée orange, tremble à la lueur de la bougie, Quelques pulsations parcourent ses veines Imperceptibles à l’oeil, seule l’oreille reçoit ce bruit Lancinant comme le moteur d’une auto Qui s’éloigne à l’infini étouffé sous les draps noirs de la nuit, Le vase n’est plus là à présent, ses yeux cruels M’observent dans un miroir où passe une nuit De draps noirs qui se chiffonnent Comme un vase écaillé, On frappe à la porte, c’est le potier qui le réclame, Il entre masqué dans ma maison, il est chauve Mais son front est couvert de signes cabalistiques Qui changent quand il le plisse et je sais qu’ils m’adressent Des menaces si je déplace mes poignées, Il me parle une langue préadamique et m’invite à retourner chez lui Car l’argile, dit-il, n’a pas assez durci, Il faut en façonner un autre, dit-il. Je me raidis, repousse son invitation Et lui reproche d’ailleurs ma couler indécise, Orange ou noire peut-être, Mon corps incurvé comme une vallée orange, Mes yeux sans cils qui le fixent avec cruauté, Pourquoi ne suis je plus là Et que fait ce vase en miettes dans le miroir?