Li Vair dans son palais orné de feuilles d’or Où veillaient placides les dragons et phénix Sous leur trouble flamboyance teintée d’onyx Contemplait, morose, les lueurs de l’aurore,
Le parfum des lotus exaltait les fontaines D’où ruisselaient les jours en remous éternels, Les pivoines soufflées par le fouet du soleil Appelaient sensuelles de fougueuses étreintes,
Sur les tuiles jaunes des pagodes sublimes Quelques singes moqueurs taquinaient les cobras Dont le coeur palpitant dans leur émoi ultime Servirait de repas aux noces des sherpas,
Les bouddha adipeux souriaient aux flambeaux Des moines gutturaux dans leur halos d’encens, La muraille vibrait de leurs échos puissants Sous l’oeil des oiseaux bleus picorant les vitraux,
«Ah quoi bon ces splendeurs et leurs consolations, Ces mirages berceurs, ces fourbes illusions Mais qui donc me rendra mon amour lumineux, Son regard fascinant, son visage radieux,
Ah quoi bon la beauté si la faux l’écharpille Si la chair se corrompt sous les terres impies, Dévorée par les vers grésillant de plaisir Pour laisser quelques os, sous la bise, frémir ! ».
Qu'à mon coeur refroidi réponde l’avalanche, De ma peine infinie mugissent les tempêtes, Que des trombes de neige et leur colère blanche Recouvrent d’un linceul ces vallées de squelettes,
Des vagues hérissées effraieront les navires, Les crocs durs du blizzard broieront tels des vampires Les passants atterrés dans ces rues fantômales Où la brume givrée offre un décor spectral.
Quand les heures seront froides sous un ciel sombre, Chaque jour pourchassé par d'effrayantes ombres, Rappelez vous, humains, dans vos tristes passions, Associée à mon nom, la dernière saison.