Ils venaient de l’écume où se forment les rêves Des lézards azurés ruisselant de joyaux Que des éclairs brillants comme d’antiques glaives Avaient jeté d’un ciel aux ailes de corbeau.
Ils avaient traversé des océans de brumes Aux pleurs des étoiles noyées sous les coraux Qu’ils avaient emportées sous leur sombre manteau Quand ils cherchaient la nuit où tous les morts exhument.
Ils avaient célébré les printemps corrompus Dans les yeux des filles penchées à la fenêtre Où roulaient des soleils qui ne reviendront plus Et ces parfums cruels quand ils vont disparaître.
Ils suivaient des sentiers sans cesse en échappée, Ils entendaient l’écho des glaciers morfondus, Le chant navré du coq quand l’aurore n’est plus, Ils grimpaient des sommets qui partaient en fumée.
L’orage fulminait dans leurs vives prunelles Quand passaient accablées les mille vierges folles, Des tresses d’aubépine accrochées aux nacelles, Fuyant les vents furieux sous la froide coupole.
Puis, ils se rappelaient de toutes ces idoles Devenues des ombres au fond du souvenir Qui parfois gémissaient en leur dernier soupir Et remuaient en vain dans l’obscure carriole.
Ils étaient orphelins de grandes catastrophes Errant, déracinés sur un rivage mort, Ils regardaient le ciel en tristes théosophes Qui ne voyaient de Dieu que quelques sillons d’or.