Entends-tu les violons frémir sur la tamise Quand tombent les flocons d'un amour qui s'afflige Entre les deux rives, qui cherche sa promise, S'est-elle évanouie, poursuivie par les striges ?
Entends-tu les bassons gronder les monts Oural Qui tremblent d'émotion dans les échos profonds, A-t-il trouvé un ange aux cheveux de cristal Ce berger égaré au sommet d'un piton ?
Entends-tu claironner les tocsins endiablés Qui sonnent l'hallali dans la forêt de Fay, A-t-il conquis sa Diane aux boucles d'aubépine, Ce chasseur ténébreux à la lèvre sanguine ?
Entends-tu les orgues au fond du Pacifique Mugir obstinément des passions maléfiques, Ont-elles dévoré le coeur des capitaines Qu'elles ont envoûté, ces cruelles sirènes ?
Entends-tu psalmodier ce choeur de Colinda Qui charme les corbeaux dans la steppe roumaine, Le chaman éperdu chemine dans la plaine, Amant ensorcelé par ces étranges voix.
Entends-tu les violons pleurer sur la tamise Et mon coeur affligé qui cherche sa promise Car je l'avais laissée sur une des deux rives, Laquelle ? C'est le drame et depuis je dérive.