Ils accrochent des colliers de rêves Au beaupré bouillonnant Qui transperce les vagues hurlantes De mille agonies, Ils capturent les nuages A la cime des glaciers Pour les enfermer Dans des jarres assoupies, Ils traversent des forêts de flammes tordues Comme les salamandres au luisant tatouage, Ils sculptent dans la roche Les plis de leur mémoire Qu’érodent le temps Et ses vents d’amnésie. Toujours, ils doivent partir, Quitter les refuges devenus prison, Poursuivre les papillons de cendre Brûlés au point du jour, Attraper l’échine Des comètes qui s’ébrouent joyeusement Dans les plaines stellaires. Leurs yeux sont des fenêtres Où vient se mirer l’infini Et leur bouche est un puits Où s’abreuve la lumière.
Quand ils frappent à la porte C’est que l’heure est venue De partir sans bagage, Sans risquer le naufrage, C’est que l’heure est venue Te chercher par la main Pour enjamber ta peur Et courir vers l’aurore.