A peine verticaux, déjà ils se prosternent, Ils songent aux châteaux dans leur moite caverne, Ils sont nés étrangers mais conspuent leurs semblables, Ils veulent vivre en paix une épée sous la table,
Ils aiment voyager dans les mêmes cités Et partout afficher leurs atours satisfaits, Ils cassent leurs jouets tels des enfants pervers Quand ils en sont lassé ou simplement amers.
La liberté, bien sûr, ils la chérissent tant Qu’ils l’ont ankylosée sous mille règlements, L’égalité pour eux c’est d’être envieux De n’avoir pas reçu ce que l’autre a de mieux,
Ils adorent le soir changer d’identité Dans les galas mondains et autres bals masqués Quant au fâcheux matin, ils mirent leur image, Ils retrouvent hélàs l'identique visage,
On peut les voir chiner dans les brocantes mornes Avec l’avidité d’un pillard de licornes, Trouveront-ils un jour le digne sarcophage Où ils reposeront sous leurs nombreux bandages.
Parfois, enfin devant la cage d’un lion, Ils rêvent de savane où ils seraient l’aiglon Mais puis se ravisant, ils restent tout penauds Ce qu’ils voient devant eux ne sont que des barreaux.