Et tous ces ilotes de l’anthracite, Beuglant, braillant, injuriant leur destin, Maudissaient en chœur le cruel Vulcain, Serraient entre leurs mains quelques pépites, Piochaient, martelaient et foraient des heures Dans ce gouffre sombre où rampait leur cœur, Anxieux, ils se retournaient vers la cage Où des canaris* sifflaient tristement Des refrains funèbres et obsédants, Guettant ce silence de sarcophage Que la mort, dans un vacarme puissant, S’en viendrait fracasser en mille pleurs Puis avalerait les corps purulents Désormais inaptes pour ce labeur…
Là-haut, dans leur belle demeure, Les barons du charbon en liesse Remerciaient Dieu avec ferveur De leur offrir tant de richesses, Ils feraient de belles aumônes En baisant les pieds d’une icône De ce petit Juif mis en croix Que le grisou n’épargna pas Car ce mineur de l’âme humaine Oublia, la dernière semaine, L'oiseau qui devait l'avertir Que, bientôt, il allait périr.