Sur l’arête, il tangue entre ombre et lumière Le funambule prie, genoux fléchis, Le passé le suit, l’avenir se terre, L’amour s’est enfui vers un autre nid. Sa voix s’est brisée au fond d’un cratère Où tous ses espoirs se sont refroidis, Pourquoi continuer ce cruel calvaire Sous ce chapiteau, au temps aboli ? Mais dans le champ noir, Vénus a blanchi Et ses lèvres d'or frôlent sa paupière, Le voilà debout sur ce fil vernis, Pantin vacillant, sifflotant un air Sur la corde raide où joue la faucille Glissant pas à pas, l'allure légère, Il rejoint le port, sauvé du Cerbère. En bas, en émoi, la foule applaudit Et pousse un long cri tant elle a souffert Mais courte est sa joie, bref est le répit, Bientôt reprendra ce trajet pervers, Un autre demain sera donc choisi...