Cette herse arrogante, menaçant le ciel, Ouvre sur un jardin tout embaumé de miel, Un verger immense verse ses fruits moelleux Sur un gazon brillant comme un jade soyeux, Des vasques ciselées en tritons de Neptune Ruissellent d'une eau claire où frissonne la lune, On entend dans les champs ce long écho hautain : « Tout cela me revient, tout cela m’appartient ».
Le palais est si haut qu’y nichent les rapaces Et le sceau du blason a un air si vorace, De profonds corridors en stuc blanc festonné Où se languit le feu des précieux chandeliers Serpentent en secret et le marbre reluit Sur le bras d'un éphèbe où l’aigle s’assoupit, On entend dans la salle un long écho hautain : « Tout cela me revient, tout cela m’appartient ».
Dans les moiteurs lascives, les soupirs d’extase Des vierges exsangues déambulent, spectrales, D’autres, sous le dais d’un baldaquin de santal Attendent, farouches, l’irruption de l’ukase : « Ô toisons abondantes promises aux ivresses, Venez vous trémousser sous mes douces caresses ». On entend dans l’alcôve un long écho hautain : « Tout cela me revient, tout cela m’appartient ».
Des fêtes pompeuses ont orné les années, Des trésors fabuleux sont partis en fumée, Le bronze a patiné, même l’or a terni : Sans le moindre regard, il n’est rien qui ravit. Dans une chambre obscure un vieillard se lamente, Crache des pépites glaireuses et sanglantes, On entend du caveau ce long écho certain : « Tout cela me revient, tout cela m’appartient »