Où vont-ils tous ces pas qui sillonnent la plage, Chaque jour plus nombreux, sans trace de bagages, Enfoncés dans le sable où naissent les mirages Quand vibre l’astre rouge et ses flammes sauvages ?
Certains vont à la mer, vers ses chevaux d’écume Qui hénnissent, joyeux ,au rythme des enclumes, Les ont-ils chevauchés pour gagner le lointain Vers l’île des brumes dont nul ne se souvient ?
D’autres mènent au phare qui surplombe la rade Et dont l’œil rougeoyant disperse les tornades, Ils s’y sont réfugiés pour panser les blessures D’un amour déchiré sur des roches trop dures.
Il en est encore dans ces dunes hurlantes, Hérissées de fumées qui montent de la mer, Ils s’y sont arrêtés avec la peur sifflante Pour y chercher en vain le secret des lumières.
D’aucuns sont retournés dans les mornes cités, Retrouver leur passé qui ne cesse jamais, Leurs désirs enfermés dans une étroite cage, Ne savent plus chanter, sont désormais sans âge.
Ils ont tout oublié de leur tendre jeunesse, Des chemins parcourus dans la pure allégresse, Où la vie miroitait dans les champs inondés D’une fine pluie d’or que le soleil semait.