Les lèvres bleues du rivage murmurent Quelques étranges secrets venus du fond des âges, Elles évoquent ces temps fabuleux Où des serpents de mer Secouaient leurs écailles Dans l’écume bouillonnante Des mers chaudes, Où les titans rageurs Sur leurs enclumes nocturnes Forgeaient des ouragans Dans un grondement sans fin. Des sauriens mugissaient Dans leur corne de brume En broutant des étoiles Dans un champs de lys noirs. Des pluies de comètes aux sifflements sauvages Scarifiaient l’horizon De leurs tisons de braise. Tandis que des idoles de pierre Qu’empourpraient les éclairs Psalmodiaient gravement Quelques incantations D’effroi et de fureur, Hissant leur vertèbres de basalte Vers un ciel en déluge Pour des millions d’années…
La houle et ses fracas, De Charybde en Scylla, Déferlèrent nuit et jour Dans les ténèbres hurlantes Où se lamentaient des soleils noirs, Puis, dans des ciels lumineux Où planaient les gracieux goélands. Alors que sur les rochers sonores Languisaient Ces sirènes maléfiques Dont les chants fascinants Egaraient les marins dans leur folle épopée. Combien de fiers galions aux dorures étincelantes, De drakkars impétueux au mufle grimaçant, De vaisseaux orgueilleux insultant les tempêtes Grincent sous les courants Des puissants océans!
Et les siècles sont passés, Enroulés dans les vagues, S’éloignant à jamais de l’éternel rivage, Laissant traîner ça et là Quelques conques moribondes Où résonnent faiblement Les vains tumultes d’antan.