D’où venaient ces sanglots aux heures vespérales Qui fanaient les bouquets des fleurs immémoriales, Etait-ce les soupirs d’un amour interdit, D’une voix étouffée dans ses transports maudits , A qui se destinait ces lettres enflammées Qu’elle dissimulait sous ses brillants camées ? Quel superbe rival, quel fourbe ensorceleur S’était substitué, à toi, divin chasseur ? Tes traits se déformaient dans ta rage impuissante, Un diable grimaçant aux lèvres purulentes. L’heure est à la vengeance, à la fin des pardons La catin réprouvée n’aura de rémission Qu’un masque vérolé où se corrompt sa chair Désormais mutilée par la dame de fer.
Alors, pauvre Tancrède au destin si cruel, Quand tu as découvert ce qu’écrivait ta belle, Tu as compris trop tard, tu fus son seul amour Que dans l’éternité, elle tiendra toujours, Ainsi dans ce miroir où tant tu te mirais, Dans son parfait regard où tu te pavanais Tu n’y vois rien d’autre qu’un visage sanglant, Des orbites percées, un corps sanguinolents. Et ton âme damnée, au milieu de sosies, Qui attend le verdict, la mort ou la folie.
Que cherches-tu Tancrède au fond de ces couloirs La voix de ton amour dans ces spectres hagards ?